Annie Laval s’est mise à la photo il y a peu. Son univers est varié et d’une grande sensibilité. Elle aborde la couleur et le noir et blanc avec le même intérêt et une grande originalité, imprégnée qu’elle est de culture de l’image et des grands peintres, passés et présents.
Sa prise de photographie se confond parfois avec la peinture ou le dessin : difficile de savoir, souvent, s’il s’agit vraiment d’une photographie, d’une aquarelle, d’une lithographie. Le papier, photo de très grande qualité artistique, sur lequel ses photos sont imprimées induisent cette interrogation.
Ses premiers apprentissages se sont faits en photographiant des œuvres d’art contemporain à la Galerie Egrégore de Marmande, galerie à laquelle elle soit beaucoup désormais ; sans doute s’est-elle imprégnée des œuvres qui y étaient exposées, art représentatif et non-représentatif, souvent dérangeantes, contemporaines. A elle peut-être aujourd’hui d’essayer de déranger, de faire naître des interrogations, et de faire aimer ça, l’étrange et le surprenant.
Elle est particulièrement attirée par tout ce qu’on ne voit pas au premier abord, le petit, le minuscule, (plantes, insectes ou cailloux du jardin et des chemins) et par l’eau, celle qui coule et celle qui dort, celle qui est limpide et celle qui est trouble. Les nuages, gais et primesautiers ou sombres et menaçants. Les lumières, faciles ou rétives à la capture. Parfois glauques, floconneuses, mousseuses.
Elle aime faire vivre les troncs d’arbres, symboles vivants, et les métaux abandonnés, oubliés ou délaissés et perdus, toujours très riches en couleurs inavouées et profondément cachées dans leurs grenailles souvent perlées et lumineuses.
Elle aime jouer au paparazzi et arrêter d’un clic un beau sourire impromptu, une attitude curieuse et déconcertante, un visage clair d’enfant rêveur, des êtres plongés dans leurs réflexions…sombres ou légères, ou leur téléphone, dans la rue ou aux terrasses des cafés….ou sur la plage.
Photographier l’Autre, celui qui diffère, celui qui dévie, celui dont la vie est en suspens quelques instants, hors du temps des autres.
Très influencée par les écrits de Florence Aubenas, elle aime s’approcher au plus près de la réalité, y compris dans ce qu’elle a de plus déviant, impromptu, disruptif. Elle a un secret pour dénicher, dans les sujets/objets qu’elle photographie, des couleurs et des formes insignifiantes, impalpables, insaisissables, tantôt fines et délicates, tantôt bruyantes.
Et surtout elle aime qu’on peine à reconnaître ce qu’elle a photographié. De la vie on ne voit, perçoit, souvent que ce qui saute aux yeux. Elle fait en sorte de donner à voir quelque chose qui fait sens, un autre sens que le sens commun.